Articles de février, 2010

iPad : l’essoufflement de la stratégie d’Apple ?

9 février 2010

Le 27 janvier dernier, Apple, via la voix de son président emblématique Steve Jobs, a présenté celle que l’on a appelé iTablet, iSlate ou encore iTampon avant de connaître son vrai nom : iPad.

Pour ceux qui auraient raté le coche, l’iPad est le nouveau joujou d’Apple, une tablette interactive à emporter plus ou moins partout. Alphabuzz a décidé de s’intéresser non pas à la tablette ou a ses caractéristiques elles-mêmes (il y a de nombreux sites pour cela), mais de prendre un peu de recul afin de se rendre compte de ce qui est peut-être un vrai tournant dans l’image d’Apple.

En effet, comme le suggère le titre de cet article, l’iPad est, pour plusieurs points, un produit qui pourrait signer la fin – relative – de l’âge d’or d’Apple.

De nombreuses fuites inquiétantes

Contrairement à l’iPhone dont le lancement avait été, en 2007, une véritable surprise et une vraie révolution sur le marché des smartphones, le lancement de l’iPad était très, peut-être trop attendu : la tablette Apple était en effet attendue depuis plusieurs mois voire plusieurs années, et dans les jours et les semaines qui ont précédé, de nombreuses fuites sont apparues, en commençant par une société américaine qui a enregistré des tests d’applications depuis des appareils inconnus, et avec les propos de Steve Jobs tenus la veille qui disait que la tablette était le projet qui le préoccupait le plus, en passant par les propos de Stéphane Richard, patron d’Orange France, au micro d’Europe 1.

Alors évidemment, ces fuites ont créé des brèches dans le mythe du secret créé par Apple, mais ont aussi et surtout créé de nombreuses attentes toutes plus folles les unes que les autres, et le produit final a – fatalement, pourrait-on dire – déçu de nombreux geeks et fanboys (si si si), qui s’attendaient à plus qu’un gros iPod. De plus, la polémique sur la présence d’une webcam, toujours pas résolue, n’a pas aidé l’iPad à se faire une place dans le cœur des technophiles.

Un intérêt à trouver

Si pour l’iPhone, l’intérêt de l’appareil a été évident, l’iPad pose le problème de son utilité. En effet, à quoi sert une tablette tacile qui est entre un iPhone/iPod Touch, mais en moins mobile, et un netbook un poil plus gros mais tournant sous un vrai système d’exploitation (Windows 7 pour l’instant, voire Linux et bientôt Google Chrome), pouvant gérer beaucoup plus de choses que le système de l’iPhone comme le multitâches ou la gestion du Flash ? Est-ce pour une utilisation mobile ? Mais dans ce cas-là, ses dimensions ne sont-elles pas handicapantes ? Est-ce pour une utilisation fixe, comme le suggère la sortie d’abord de la tablette Wifi puis de la version 3G ? Mais dans ce cas-là, pourquoi ne pas choisir un netbook voire un PC/Mac de salon ?

De plus, la présence ou l’absence de webcam risque d’affecter le démarrage des ventes, puisque de nombreuses personnes préfèrent attendre quelques mois pour voir ne tablette équipée d’une webcam.

D’ailleurs, Apple semble se rendre compte du problème en annonçant le 9 février qu’elle sera prête à baisser les prix en cas de flop des ventes.

L’ « effet Apple » passé de mode ?

Un autre facteur à prendre en compte est beaucoup moins perceptible, mais potentiellement plus ravageur que les deux autres : la fin de l’originalité Apple. En effet, il y a encore     quelques années, au début des années 2000, posséder un produit Apple, c’était être décalé, se démarquer de la majorité Microsoft, bref, être in. Mais depuis, Apple a été la marque de la décennie, et à peu près tout le monde possède un produit Apple. Désormais, avoir un iPod ou un iPhone est devenu commun, et Apple représente même pour certains le « Big Brother » jadis pourfendu par la firme de Cupertino. Cette image est d’ailleurs exploitée par Google, qui a fait son entrée fracassante dans le paysage high-tech en 10 ans, se positionnant ainsi dans le rôle qu’occupait Apple il y a une dizaine d’années, et faisant capoter l’affrontement classique Apple/Microsoft : Apple a même envisagé d’intégrer Bing, le motuer de recherche de Microsoft, dans ses produits !

De plus, le nom iPad prête le flanc aux moqueries : en anglais, il signifie « tampon hygiénique », et de nombreuses parodies sont apparues sur ce thème, propulsant m^mee le mot « iTampon » au top 10 de Twitter.

Des raisons d’espérer : le succès auprès du grand public

Mais le tableau n’est pas totalement noir pour Apple : en effet, ce que je viens de citer n’est valable que pour les geeks et autres technophiles : le grand public, lui, semble réserver un accueil plus que chaleureux à cette tablette puisque, selon une étude menée par Gfk, 61% des français seraient prêts à acheter une iPad et 400000 tablettes pourraient être vendues. De quoi entamer la nouvelle décennie sur de bonnes bases pour Apple.

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